Orrin F. Summerell / Thomas Zimmer: Alkinoos, Didaskalikos. Lehrbuch der Grundsätze Platons. Einleitung, Text, Übersetzung und Anmerkungen (= Sammlung wissenschaftlicher Commentare), Berlin: De Gruyter 2007, 91 S., ISBN 978-3-11-019451-7, EUR 72,00
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Le Didaskalikos du philosophe de l'époque du moyen-platonisme Alcinoos est un manuel consacré à la présentation de la pensée de Platon interprétée surtout à la lumière d'Aristote. Mais on y remarque aussi une certaine influence du stoïcisme. Ce texte ne peut pas être antérieur à Arius Didyme, qui était contemporain de l'empereur Auguste. On peut le dater des environs du milieu du IIe s. de notre ère. Depuis la publication de J. Freudenthal (1878) il était d'usage d'identifier le moyen-platonicien Albinos avec Alcinoos; cette identification a été rejetée avec de bons arguments par Giusta (1960-1961), dont les résultats ont été confirmés à plusieurs reprises par Whittaker (voir Summerell/Zimmer, IX-XI).
L'intérêt pour le Didaskalikos a repris vigueur à partir de la nouvelle édition du texte grec, accompagnée d'une introduction et de notes, de J. Whittaker, et d'une traduction française de P. Louis (1990). Il a été depuis traduit deux fois en anglais (par J.P. Hershbell en 1991 et par J. Dillon en 1993), et il a attiré l'attention de plusieurs savants qui l'ont étudié dans son ensemble (p. ex., Görannson) ou en ont analysé certains passages difficiles ou controversés (voir la bibliographie recueillie par Summerell/Zimmer XV-XX). Summerell et Zimmer en présentent une nouvelle traduction allemande, la première dans cette langue, accompagnée du texte grec, d'une introduction et de quelques notes.
Le Didaskalikos, mis à part les dialogues de Platon, et à côté des traités platoniciens de Plutarque et le De Platone d'Apulée, est le seul écrit consacré à la philosophie de Platon avant Plotin et le néoplatonisme. "In jedem Fall ist die Schrift als Kompendium Platonischen Denkens Urkunde einer Epoche, in der nach der wechselreichen Geschichte der akademischen Philosophie in der Zeit des Hellenismus nun der Versuch unternommen wurde, wieder zu Platon selbst und d. h. seiner eigenen Ideenlehre sowie Prinzipientheorie zurückzukehren". "Der Didaskalikos zeugt also von jenen zum größten Teil nur indirekt oder nicht überlieferten Versuchen eines Systems des Platonismus in einer Zeit, die der Epoche der Neuplatonismus einschließlich dessen geschlossener Synthesen nicht nur zeitlich vorangeht, sondern sie überhaupt erst ermöglicht" (XII).
Le livre se compose d'une introduction (IX-XIV) en trois parties: Alcinoos et son manuel, la structure du Didaskalikos, critères d'édition. Le lecteur y trouve aussi une explication des signes critiques utilisés dans le texte grec et dans la traduction (XIV). Une bibliographie choisie suit (XV-XX). Il faut y ajouter, au moins, l'article de M. Giusta, (où G. propose des conjectures non négligeables au texte des chapitres VIII, IX, X, qui ont jusqu'à maintenant échappé à l'attention des savants). [1]
La traduction allemande présente en face le texte grec de l'édition de Whittaker sans l'apparat critique, mais retouché en quelques points (X 3, XIX 3, XXIX 1), discutés dans les notes (voir les notes 63, 87, 129). Je suis d'accord avec la proposition de garder le texte des manuscrits (geusis) en XIX 3, mais je ne vois pas la nécessité d'ajouter kalon en X 3 et je ne suis pas convaincu de la correction proposée en XXIX 1 (elle ne tient pas compte, entre autres, de la ratio corruptelae).
Par rapport à Whittaker, chaque chapitre est divisé en plusieurs paragraphes numérotés et, dans la traduction, des titres ont été ajoutés à chaque chapitre, ce qui facilite beaucoup la lecture du texte.
On trouve dans les notes (77-91) des nombreux renvois aux passages des dialogues de Platon visés par Alcinoos, quelques données bibliographiques ainsi que des remarques sur l'interprétation de passages moins clairs. Il ne manque pas de notes philologiques qui explicitent certains choix des éditeurs (Whittaker, en particulier) dans l'établissement du texte.
J'ai relevé quelques coquilles dans l'utilisation des accents dans les mots oxytons, que le lecteur corrigera lui-même sans difficulté.
Il n'y a pas d'index.
On ne peut pas ne pas souligner l'importance de cette première traduction allemande du Didaskalikos d'Alcinoos qui, j'en suis certain, répond bien au souhait des deux auteurs: "Die Beurteilung und Würdigung dieses einzigartigen Textes von neuem und vorurteilfrei zu beleben ist Ziel der vorliegenden Übersetzung ins Deutsche" (XIII).
Annotation:
[1] Due capitoli sui dossografi di fisica, in G. Cambiano (éd.), Storiografia e dossografia nella filosofia antica, Torino: Tirrenia 1986, 149-201.
Tiziano Dorandi