Armin Eich: Die römische Kaiserzeit. Die Legionen und das Imperium (= C.H. Beck Geschichte der Antike; 6155), München: C.H.Beck 2014, 304 S., 10 Kt., ISBN 978-3-406-66012-2, EUR 16,95
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Philip Sabin / Hans van Wees / Michael Whitby (eds.): The Cambridge History of Greek and Roman Warfare, Cambridge: Cambridge University Press 2007
Alexander Sarantis / Neil Christie (eds.): War and Warfare in Late Antiquity . Current Perspectives, Leiden / Boston: Brill 2013
Jonathan Eaton: Leading the Roman army. Soldiers and emperors, 31 BC - AD 235, Barnsley: Pen & Sword Military 2020
Les relations entre le pouvoir politique, l'empereur en l'occurrence, et l'armée romaine peuvent être abordées de deux manières. Dans un ouvrage très important, J. B. Campbell [1] avait choisi une approche purement thématique: 1. L'empereur et l'armée; 2. Le soldat et la loi; 3. Le commandement; 4. L'Empereur, l'armée et la res publica.
Armin Eich, dans l'ouvrage qui est présenté ici, a choisi, à l'opposé, un plan essentiellement chronologique, ce qu'aucun historien ne lui reprochera. Il a voulu écrire une histoire politique de l'empire romain en mettant l'accent sur le rôle des légions. Ce n'est pas négligeable. Bien que ce régime ait été une monarchie, la vie de l'empire romain reposait sur plusieurs forces parfois opposées les unes aux autres, l'empereur, le Sénat, le peuple de Rome et l'armée, elle-même divisée entre les prétoriens et les légionnaires; de plus, les légions n'hésitaient pas au besoin à lutter les unes contre les autres.
Dans ce livre, même l'œuvre d'Auguste est abordée en suivant l'ordre des événements (ch. I, 11-30). On trouve ensuite une description, cette fois sous forme de tableau, de la nouvelle armée, qui est professionnelle et, ajouterions-nous, sédentaire. Le chapitre III traite de l'histoire depuis l'année 14 jusqu'à l'année 117, et il montre les difficultés rencontrées par les empereurs pour mettre en place un système institutionnel. Tibère s'efforça de développer une nouvelle idéologie fondée sur le culte impérial. Caligula et Claude étaient des malades mentaux, ce qui est un peu injuste, à notre avis, pour Claude, qui était surtout un réformateur maladroit. Son règne a vu de grandes et bonnes mesures, et des conquêtes majeures, en Maurétanie et en Bretagne. Le temps de Néron, qui connut un conflit avec l'Iran et surtout une grande révolte des Juifs, aboutit à une guerre civile (a. 68-70), qui permit aux légions de s'exprimer sur le plan politique : légionnaires contre prétoriens, soldats de Germanie contre armée d'Orient. Vespasien et Titus cherchèrent à rétablir la stabilité. Au contraire, Domitien et Trajan revinrent à des guerres offensives, dit l'auteur. Il nous semble toutefois que ce sont les Daces qui ont attaqué sous Domitien et donc que Trajan n'a fait qu'appliquer des représailles.[2]
Les années 117-161 correspondent à l'âge d'or de l'empire, ce qui permet à l'auteur de rompre un peu avec la chronologie et de proposer des tableaux de la société, de la politique et de la littérature (ch. IV, 151-178); l'étude de la culture est un phénomène assez rare pour être remarqué, et loué. Le lecteur revient à la guerre avec la politique d'expansion qui fut le choix du pourtant philosophe Marc Aurèle. Si la guerre contre l'Iran fut couronnée de succès, les conflits avec les Quades, les Marcomans et les Sarmates, auxquels s'ajouta la peste, imposèrent de dures et longues campagnes. C'est sans doute pour cette raison que Commode revint à une politique plus sage, aux pratiques d'Hadrien. Son époque fut suivie par une nouvelle guerre civile, où l'on vit les armées et les légions s'opposer les unes aux autres, comme entre 68 et 70 (a. 193-197): les légionnaires de Pannonie affrontèrent les prétoriens, puis l'armée d'Orient et enfin celle qui défendait la Bretagne.
Un autre épisode de stabilisation marqua les années 197-235, d'après Eich, mais il était lourd de menaces pour l'avenir, bien que les peuples soumis eussent eu un accès à la citoyenneté romaine plus facile et même général par l'édit de Caracalla (212). Les légionnaires virent paraître des barbares plus nombreux, mieux organisés et davantage agressifs. Les années 230 à 280 sont présentées sous un jour bien sombre, comme une période de crise profonde et générale; les désordres furent causés par les ligues nouvellement créées des Francs et des Alamans, par l'arrivée des Goths et le renforcement de l'Iran des Sassanides [3] (quand on parle de l'Afrique, il faut distinguer l'Africa de l'égypte: 267-269). Quelques travaux récents sont plus nuancés: les régions les plus touchées étaient celles qui se trouvaient près de ces ennemis, et des empereurs, comme Aurélien, surent au moins tenter de réagir. La crise fut moins profonde qu'on ne l'a dit (il y eut une période de déclin, suivie par une période de lent redressement). Elle ne toucha pas également toutes les régions ni tous les secteurs de la vie (la Gaule fut plus affectée que l'Afrique). Les sécessions de Palmyre et de la Gaule furent réduites avant 280.
Cet ouvrage est destiné aux étudiants. Les chercheurs y trouveront peu de matières, de rares notes (2 pages, placées à la fin de l'ouvrage) et ils y verront une bibliographie très mince (le classement suit l'ordre des événements). Un tableau chronologique aidera les jeunes lecteurs. Plusieurs cartes méritent une mention spéciale: elles sont justes et bien faites. Il est toujours possible de regretter que tel ou tel passage n'ait pas été approfondi; mais tel qu'il est cet ouvrage permettra une bonne première approche de l'histoire de Rome.
Notes:
[1] J.B. Campbell: The Emperor and the Roman Army. 31 BC-AD 235, Oxford 1984.
[2] K. Strobel: Die Donaukriege Domitians, Bonn 1989.
[3] Y. Le Bohec: L'armée romaine dans la tourmente, Paris / Monaco 2009.
Yann Le Bohec