Rezension über:

Herbert Haupt: Ein Herr von Stand und Würde. Fürst Johann Adam Andreas von Liechtenstein (1657-1712), Wien: Böhlau 2016, 389 S., ISBN 978-3-205-20239-4, EUR 50,00
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Rezension von:
Éric Hassler
Université de Strasbourg
Redaktionelle Betreuung:
Sebastian Becker
Empfohlene Zitierweise:
Éric Hassler: Rezension von: Herbert Haupt: Ein Herr von Stand und Würde. Fürst Johann Adam Andreas von Liechtenstein (1657-1712), Wien: Böhlau 2016, in: sehepunkte 17 (2017), Nr. 3 [15.03.2017], URL: https://www.sehepunkte.de
/2017/03/28850.html


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Herbert Haupt: Ein Herr von Stand und Würde

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À la suite de nombreux travaux sur le mécénat et la consommation matérielle des princes Liechtenstein à l'époque moderne, Herbert Haupt nous propose désormais une biographie du prince Johann Adam Andreas von Liechtenstein (1656-1712). Surnommé le "Crésus autrichien" (Croesus Oestreichs) par Eduard Vehse, sa richesse fut telle qu'elle lui procura, selon l'auteur, l'indépendance qui lui permit de "ne pas être un courtisan" (289). Pourtant, rien ne semblait gagné d'avance, tant ce prince dut user de ses compétences de gestionnaire pour résorber le gouffre financier laissé par son père le prince Karl Eusebius. Il est aussi le dernier de sa lignée, son héritage passant à sa mort à la branche cadette de la maison princière. L'auteur présente ainsi son personnage comme l'artisan d'une éminence retrouvée et amplifiée de la maison princière de Liechtenstein, après l'ascension fulgurante de son grand-père, Karl I., étudiée par Thomas Winkelbauer. [1] À l'exception de cette dernière, les études biographiques d'aristocrates de la Monarchie des Habsbourg ne sont pas nombreuses, les historiens ayant plutôt privilégié l'échelle familiale. Il s'agit donc ici d'une perspective tout à fait intéressante, car elle permet théoriquement de renouveler les approches historiques des élites nobiliaires en affinant les pratiques individuelles et en mettant en lumière la capacité d'action individuelle au sein de la société de cour. Entre les grandes synthèses et les études plus précises, la biographie offre ainsi une échelle d'analyse intermédiaire.

L'auteur produit ici une biographie scrupuleuse du prince Johann Adam Andreas, structurée en chapitres assez courts qui privilégient d'abord une approche strictement chronologique, puis davantage thématique. Après une introduction extrêmement brève, qui se contente de faire un rapide bilan de la situation familiale dégradée de la maison princière dans les années 1650, les premiers chapitres s'arrêtent sur l'enfance, l'apprentissage et le grand tour du jeune prince. Y sont notamment développés les projets de mariage et les relations difficiles entre le prince et son père dans l'administration du patrimoine familial. L'auteur s'attèle ensuite à évoquer successivement différents aspects des fonctions aristocratiques du prince: la religion, la cour, les amitiés aristocratiques, les résidences, les sources de la richesse, le mécénat et la question de l'élévation impériale (agrégation au Reichstag et acquisition des seigneuries immédiates). Les derniers chapitres retrouvent un logique chronologique en étudiant la fin de la vie du prince, notamment la perte précoce de son fils qui constituant la seule descendance de la branche aînée de la famille, et la question complexe de l'héritage du prince et de la transmission du patrimoine à la branche cadette. Un ultime chapitre accorde une place, assez réduite, aux femmes de la famille, l'épouse née Dietrichstein, et les autres enfants. C'est l'occasion pour l'auteur d'évoquer les alliances matrimoniales tissées le prince avec des familles de rang divers, en fonction des motivations financières ou aristocratiques. S'appuyant a priori exclusivement sur des sources issues des archives de la Maison princière de Liechtenstein, cette étude apporte de multiples éclairages intéressants sur la vie d'un Grand entre le milieu du 17e siècle et le début du 18e siècle qui complètent heureusement la bibliographie existante.

Le livre n'en est pas moins émaillé de défauts assez dommageables au propos de l'auteur. Tout d'abord, le référencement des sources en notes est problématique. Si certaines sources utilisées par l'auteur sont effectivement bien mentionnées, ce dernier renvoie assez fréquemment à d'autres de ses publications, dont certaines laissent supposer, sans que cela soit expliqué par l'auteur, qu'elles sont des éditions de sources. Il n'est donc pas possible pour le lecteur de savoir d'où sont tirées les informations utilisées, d'autant plus que le texte ne donne bien souvent aucune indication sur le type de source employé et qu'aucune liste des sources n'est présentée en tête de la bibliographie. Le lecteur peut déduire que les sources utilisées proviennent exclusivement des archives de la Maison princière de Liechtenstein, complétées très ponctuellement de citations du Wienerische Diarium. Sans doute aurait-il été possible d'élargir le corpus étudié en trouvant des contre-points intéressants dans les archives viennoises.

Problème corollaire, la bibliographie, pourtant assez fournie, mais lacunaire, n'est que trop rarement convoquée dans le corps du texte au profit des propres publications de l'auteur. A titre d'exemple, lorsque Herbert Haupt évoque le comte Dominik Ulrich Kaunitz, l'ouvrage de Grete Klingenstein n'est indiqué qu'une fois (note 350), et seulement sur un élément secondaire. Ses apports auraient pourtant été largement profitables, en particulier sur la question des réseaux matrimoniaux. Plus gênant, certaines études d'envergure comme les thèses de Mark Hengerer ou Andreas Pečar [2] sont absentes, alors qu'elles auraient pu offrir une vision plus globale du système de cour viennois dans lequel s'insère le prince Johann Adam Andreas Liechtenstein.

Ces quelques lacunes bibliographiques sont assez symptomatiques d'un parti-pris biographique négligeant le contexte social. En effet, il semble manquer à cette biographie une mise en perspective qui permette à l'auteur de dépasser le récit biographique. Certains chapitres débutent certes par une mise au point rapide sur la production de la bière ou de la soie, ou encore le Grand Tour, mais toute réflexion épistémologique sur l'écriture du genre biographique est absente. La substance développée aurait pourtant permis de questionner des aspects importants de l'historiographie des élites au service des Habsbourg: le processus complexe d'agrégation à la noblesse impériale au début du 18e siècle, comme a pu le faire Thomas Winkelbauer pour le siècle précédent; les pratiques résidentielle du prince, dont l'auteur suggère qu'il n'est présent qu'épisodiquement à Vienne (la longue liste des résidences (160-163) pose forcément la question de leur utilisation); le quotidien du prince dont nous ne savons rien ici; les consommations somptuaires et notamment l'ameublement des demeures; la gestion d'un domaine aussi vaste et fragmenté. Une carte eût ici été bien venue en lieu et place de certaines illustrations qui n'apportent pas grand chose au propos.

Au final, il s'agit donc d'un ouvrage qui offre un aperçu intéressant de la vie d'un aristocrate de premier plan, mais dont la brièveté et les manques méthodologiques rendent la lecture malheureusement assez frustrante.


Notes:

[1] Thomas Winkelbauer: Fürst und Fürstendiener. Gundaker von Liechtenstein, ein österreichischer Aristokrat des konfessionellen Zeitalters, Wien 1999.

[2] Mark Hengerer: Kaiserhof und Adel in der Mitte des 17. Jahrhunderts. Eine Kommunikationsgeschichte der Macht in der Vormoderne, Konstanz 2004; Andreas Pečar: Die Ökonomie der Ehre. Der höfische Adel am Kaiserhof Karls VI. (1711-1740), Darmstadt 2003.

Éric Hassler