Michael Livingston / Kelly DeVries (eds.): The Battle of Crécy. A Casebook (= The Liverpool Historical Casebooks Series), Liverpool: Liverpool University Press 2015, XIV + 524 S., ISBN 978-1-78138-270-7, GBP 25,00
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Christoph Mauntel: Gewalt in Wort und Tat. Praktiken und Narrative im spätmittelalterlichen Frankreich, Ostfildern: Thorbecke 2014
Anne Curry: Agincourt, Oxford: Oxford University Press 2015
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Dans la préface de leur ouvrage, The Battle of Crecy, A Casebook, Michael Livingston et Kelly Devries, les deux directeurs de cet important volume, appelé à devenir une référence sur la bataille de Crécy, soulignent l'importance de ce mythe national. Le 26 août 1346, surpassés par le nombre de leurs ennemis français, épuisés, les soldats anglais ont remporté une victoire retentissante et ce triomphe s'est rapidement transformé en une légende héroïque. Cependant, de nombreuses questions restent à élucider. Pourquoi les Français ont-ils attendu si longtemps pour attaquer? Pourquoi les arbalétriers génois ont-ils été si peu efficaces? Pourquoi les Français ont-ils écrasé avec leurs chevaux leurs propres hommes? Pourquoi la position des Anglais était-elle si inatteignable? Et comment situer l'emplacement exact de la bataille.
Pour répondre à ces interrogations, Michael Livingston et Kelly Devries proposent un ouvrage divisé en quatre parties. Dans la première, Michael Livingston s'attache à retracer le contexte de la bataille.
La partie suivante constitue le corps du livre en offrant au lecteur plus de quatre-vingt documents issus de toute l'Europe, courtes mentions ou récits beaucoup plus détaillés, depuis les témoins oculaires jusqu'aux écrits de la génération suivante. Ils sont présentés dans leur langue originelle et traduits en anglais moderne; les deux versions présentées en vis à vis, permettent au chercheur d'aller à la source originelle avec une grande facilité.
Viennent ensuite les notes sur les textes et la présentation de leurs auteurs regroupées en une seule partie. Nous pourrions ici émettre la seule critique à adresser à cet ouvrage essentiel. En effet, la séparation entre les sources et les notes ne facilite pas la lecture au chercheur.
La dernière partie de l'ouvrage se compose de six essais concernant les dernières découvertes sur la bataille. Dans le premier, Michael Livingstone exprime ses doutes quant à sa localisation traditionnelle et propose un nouvel emplacement, correspondant davantage à la géographie locale et aux sources médiévales.
Jan Biederman et Václav Žurek évoquent la participation bohémienne au conflit, en particulier celle du roi aveugle Jean qui a tant frappé ses contemporains.
Kelly DeVries s'interroge ensuite sur les tactiques utilisées pendant l'affrontement, en particulier sur le rôle des arbalétriers génois et sur la disposition des troupes sur le champ de bataille.
Niccolo Capponi souligne les très nombreux récits de la bataille de Crécy fournis par les auteurs italiens.
Pour conclure, Michael Livingstone revient sur les suites de la bataille, ses conséquences immédiates et à plus long terme.
La volonté d'inclure de la manière la plus exhaustive tous les témoignages quelles que soient leur origine et d'évoquer la participation de nombreux européens au conflit franco-anglais de la guerre de Cent Ans offrent des perspectives tout à fait renouvelées dans deux champs largement labourés jusqu'ici : celui de l'histoire-bataille et celui de la guerre au Moyen Âge. En offrant cet immense travail de collecte, suivi d'une réflexion approfondie et renouvelée sur une bataille aussi essentielle à l'histoire de France qu'à celle de l'Angleterre, et de toute l'Europe, Michael Livingston et Kelly Devries suivent les traces de l'ouvrage brillant d'Anne Curry sur la bataille d'Azincourt. [1] Ces deux ouvrages font la preuve, s'il en était besoin, de la vitalité de l'école historique anglaise, de son attachement à la publication des sources, et de ses apports toujours renouvelés à l'histoire des conflits et des batailles.
Note:
[1] Anne Curry: The battle of Agincourt. Sources and Interpretations, Woodbridge 2000.
Sophie Brouquet