Francesco Salvestrini (a cura di): I monaci Silvestrini e la Toscana. (XIII-XVII secolo) (= Studi sulle abbazie storiche e ordini religiosi in Toscana; 5), Florenz: Leo S. Olschki 2020, 216 S., 32 Farbabb., ISBN 978-88-222-6705-4, EUR 26,00
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Francesco Salvestrini: Il carisma della magnificenza. Labate vallombrosano Biagio Milanesi e la tradizione benedettina nellItalia del Rinascimento, Roma: Viella 2017
Francesco Salvestrini (a cura di): La memoria del chiostro. Studi di storia e cultura monastica in ricordo di Padre Pierdamiano Spotorno O.S.B., Florenz: Leo S. Olschki 2019
Francesco Salvestrini (a cura di): Monaci e pellegrini nell'Europa medievale. Viaggi, sperimentazioni, conflitti e forme di mediazione, Firenze: Edizioni Polistampa 2014
Le cinquième volume de cette jeune collection, consacrée aux réguliers et à leurs établissements en Toscane, propose huit chapitres qui éclairent la diffusion toscane d'une congrégation bénédictine originaire des Marches. C'est à Francesco Salvestrini, éditeur scientifique du volume, que revient le mérite d'avoir synthétisé les caractéristiques de cette famille née à Montefano (ordo sancti Benedicti de Montefano) de l'expérience et du charisme de Silvestro, dit dei Guzzolini († 1267), nom qui valut à ses frères d'être désignés comme Silvestrins. S'appuyant sur l'historiographie la plus récente à propos de la naissance et de l'institutionnalisation des ordres religieux, l'auteur souligne les paradoxes de la création et de la diffusion de cet ordre, né après les décrets conciliaires limitant la prolifération des ordres religieux, et dotés de traits renvoyant simultanément à l'érémitisme du XIIe siècle et aux expériences mendiantes en plein essor. Le chapitre, richement documenté, consacré par Ugo Paoli à l'union entre la congrégation silvestrine et l'ordre vallombrosain (1662-1667), fournit pour ainsi dire la conclusion toscane à cette histoire apparue dans les Marches.
Quant aux six chapitres restants, ils adoptent une approche monographique qui, dans certains cas, englobe la période moderne. Y sont passées en revue les implantations de Florence, Sienne, Chiusi, Montepulciano (non sans quelques répétitions à ce sujet), mais aussi de centres plus modestes où les Silvestrins se replient entre la fin du XIVe (Petroio) et le XVe siècle (Buonconvento). C'est l'occasion pour les différents auteurs de mettre en valeur l'ampleur méconnue des gisements documentaires, souvent dispersées entre divers dépôts (dont le monastère de Montefano près de Fabriano, tête de l'ordre), les ressources des témoignages iconographiques (notamment un cycle de la Vie d'Antoine réalisé en 1413 sur la contre-façade de l'oratoire San Giovanni in Poggiolo à Montepulciano), mais aussi les importants apports de l'érudition moderne.
Les implantations de Florence et de Sienne méritent une mention à part en raison de la largeur de vue des chapitres qui leur sont consacrés et qui permettent de replacer leurs vicissitudes tant dans l'évolution globale de l'ordre, de la solitude érémitique à l'apostolat urbain, que dans l'histoire mouvementée de la vie régulière dans les villes de la Toscane médiévale. A propos des Silvestrins de San Marco à Florence, Isabella Gagliardi décrit avec efficacité la dynamique d'une implantation tardive (1300) dans un secteur urbain convoité, en plein renouvellement démographique et social et qui attire alors de nombreuses fondations religieuses. Les Silvestrins s'y montrent capables de répondre aux attentes d'un milieu très vif de moniales, de pénitents et pénitentes et de confréries laïques. De la même manière, Michele Pellegrini souligne comment l'installation des Silvestrins à Sienne en 1311 coïncide d'une part avec l'apogée du régime des Neufs - et les tensions politiques et sociales qu'il suscite - et d'autre part avec une phase de vitalité de la vie religieuse débouchant sur de nombreuses fondations qui remodèlent alors le panorama de la vie religieuse siennoise, tout en y accroissant la concurrence et la conflictualité. Dans les deux cas, l'examen à nouveaux frais de la documentation locale permet de réviser l'image d'un inéluctable déclin du monachisme bénédictin pour replacer les difficultés de la seconde moitié du Trecento au cœur de la crise institutionnelle traversée par l'ordre silvestrin, et relire l'expulsion des Silvestrins florentins de San Marco comme la résultante de dynamiques qui dépassent la communauté et l'ordre et mettent en jeu les choix d'Eugène IV, de la famille Médicis et de leurs alliés en faveur des observances mendiantes (en l'occurrence dominicaine).
On appréciera enfin le soin apporté à la qualité typographique du volume et à son illustration, ce qui fait d'autant plus regretter l'absence de tout index.
Cécile Caby