Rezension über:

Michael P. Warner: The Agincourt Campaign of 1415. The Retinues of the Dukes of Clarence and Gloucester (= Warfare in History), Woodbridge / Rochester, NY: Boydell & Brewer 2021, XI + 239 S., 7 s/w-Abb., 20 Tbl., ISBN 978-1-78327-636-3, GBP 60,00
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Rezension von:
Valérie Toureille
CY Cergy Paris Université
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Valérie Toureille: Rezension von: Michael P. Warner: The Agincourt Campaign of 1415. The Retinues of the Dukes of Clarence and Gloucester, Woodbridge / Rochester, NY: Boydell & Brewer 2021, in: sehepunkte 22 (2022), Nr. 5 [15.05.2022], URL: https://www.sehepunkte.de
/2022/05/36564.html


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Michael P. Warner: The Agincourt Campaign of 1415

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Le livre de Michael Warner propose une lecture originale et renouvelée de la bataille d'Azincourt et des préparatifs militaires qui l'entourent. L'auteur a choisi d'aborder le sujet à travers l'étude des retenues des deux ducs de Clarence et de Gloucester, qui ont participé à l'expédition Outre-Manche. Cette approche "de l'intérieur" permet une lecture fine et précise des contingents anglais mobilisés par les capitaines d'Henry V.

Le plan du livre est simple et efficace : les préparatifs de l'expédition, la bataille, l'après-bataille. L'ouvrage comprend de nombreuses annexes : des photos des documents d'archives et plusieurs tableaux sur la composition des retenues, les noms des capitaines, des hommes de guerre, leur statut. Il y a également des graphiques sur le volume des retenues et des montres d'armes, ainsi que l'origine géographique des hommes d'armes et des archers. M. Warner a retenu plusieurs types de documents : les montres d'armes, les contrats d'endenture, mais aussi en complément les rôles de garnisons normandes, et les lettres de protection des attorneys.

L'étude débute par le contexte de recrutement des hommes de guerre (chapitre 1- The dynamics of recruitment) depuis la fin du XIVe siècle, jusqu'à la campagne qui devait aboutir au débarquement en Normandie en aout 1415. Cette mise en perspective est complétée par un portrait rapide, mais indispensable des deux ducs de Clarence et de Gloucester. Si ce dernier n'avait pas de prédisposition particulière pour le métier des armes, il fut porté par les circonstances à embrasser une carrière militaire. Thomas, duc de Clarence, son frère ainé, est un homme d'armes accompli, qui s'est déjà illustré tant dans les batailles terrestres que navales depuis les premières années du XVe siècle. En 1415, il est à la tête de la plus importante retenue et constitue un personnage-clef de l'État-major d'Henry V. Il a réussi à mobiliser 960 hommes, dont 500 hommes d'armes et 1500 archers pour sa seule retenue personnelle (28), le jeune duc de Gloucester commandait la 2e retenue la plus importante, avec un total de 600 hommes (hommes d'armes et archers).

Les rôles de montre sont essentiels pour mesurer l'effort de guerre déployé par Henry V (chapitre 2). Ces listes de combattants dressent les noms, en ordre hiérarchique, d'hommes d'armes et d'archers placés sous l'autorité d'un capitaine ou d'un sous-capitaine. Enregistrés à l'Échiquier, ces rôles de montre doivent correspondre au nombre et aux catégories d'hommes de guerre prévus dans les endentures initiales. Les travaux d'Anne Curry avaient déjà bien analysé le système de l'endenture, de sa signature au rôle de montre, mais Michael Warner s'attache plus précisément aux endentures des deux ducs de Clarence et Gloucester, pour étudier également les sous-endentures, contractées par les sous-capitaines et leur retenue. L'auteur développe dans cette partie une analyse très intéressante des documents, en particulier sur la terminologie et la langue utilisées, soulignant la part croissante de l'anglo-normand dans la rédaction. Mais il s'attache aussi à analyser les blancs, les pointages de noms, les différentes annotations etc...Une forme de standardisation du document déjà soulignée par d'autres études, est ici rappelée.

Le chapitre 3 permet d'entrer dans le détail des endentures de Clarence et de Gloucester, à savoir le profil des combattants recrutés, leur origine, mais aussi leur expérience militaire, quand cela est possible. Cette étude lui permet aussi de faire une comparaison entre les deux chefs de guerre et leur type de recrutement. Michael Warner traite ensuite des sous-endentures (chapitre 4), révélant parfois des profils d'hommes de guerre violent (110). Il montre également des origines de recrutement un peu différentes entre les deux ducs. Le duc de Clarence à travers ces documents apparait comme un remarquable chef de guerre, qui a réussi à construire un important réseau de combattants, ceux-là mêmes qui l'avaient déjà servi avant 1415.

Le chapitre 5 entre dans la campagne à proprement dite, distinguant le siège d'Harfleur et la bataille d'Azincourt. Tandis que le duc de Clarence commandait un corps de bataille ("battle") avec le duc d'York sur le côté est de la ville, le roi et le duc de Gloucester s'étaient placés à la tête de la 2e bataille sur le flanc ouest. L'opération victorieuse pour Henry V, fut cependant délétère pour l'armée. La maladie frappa à tous les niveaux, des simples valets jusqu'à l'état- major. Le duc de Clarence lui-même tomba malade et dut regagner Calais (The impact of the siege of Calais). Des listes de malades sont alors dressées pour réorganiser l'armée (152-154), qui permettent de comparer le nombre de soldats avant et après Harfleur (avec des pertes de 24 à 37% pour les archers, 45 à 83% pour les chevaliers). Le dernier chapitre - en toute logique - se termine avec les lendemains de la campagne, et liens qui se sont prolongés, au-delà de l'expédition proprement dite, entre ces capitaines et leurs hommes.

L'apport de ce livre est incontestable par le travail scrupuleux et rigoureux mené sur différents fonds d'archives, tant manuscrites qu'éditées. Il permet d'éclairer davantage la formidable mobilisation militaire qu'a représentée la campagne de 1415. L'auteur montre bien aussi comment cette expédition a resserré les liens entre ceux qui ont combattu avec leurs chefs. Des liens qui ont formé pour reprendre la formule de Shakespeare "a band of brothers", une autre façon de souligner l'importance de la "brotherhood in arms" dans les armées du Moyen Âge. Le seul regret est peut-être la quasi absence de référence aux historiens français sur la bataille.

Valérie Toureille